Dormir dans une Abbaye n’est a priori pas la première idée qui nous vient lorsqu’on souhaite passer une nuit tout confort et haut de gamme. Tout de suite, on pense à un cadre austère et peu confortable dans de petites cellules de moines…Que nenny ! Si vous décidez de franchir le cap en passant une nuit dans l’Abbaye de Fontevraud, vous changerez surement d’avis ! Vivre ma vie de moniale de luxe dans un ancien prieuré et diner et petit-déjeuner dans un cloitre….Une idée insolite et un superbe cadeau à vivre avec sa maman ou en couple 😉 Vous serez enchantés !!
Pendant l’organisation de notre escapade en Val de Loire, nous avions tout d’abord regardé les différentes chambres d’hôtes disponibles pouvant nous accueillir le temps d’une ou plusieurs nuits dans les alentours de Saumur. Surfant sur les différents sites internet des châteaux et autres bâtiments de notre patrimoine, nous avons été surprise de découvrir que nous pouvions dormir dans une Abbaye. Réhabiliter un ancien prieuré et permettre la mise en valeur du patrimoine : une idée en or !
L’hôtel : Simple, design, confortable et ultra connecté
Nous arrivons près des grilles de l’entrée, se trouvant en plein cœur du village. Un petit appui prolongé sur l’interphone et une voix agréable nous accueille et les portes s’ouvrent enfin. La voix nous demande si nous désirons de l’aide pour nos bagages. Nous refusons dans un premier temps et nous vous conseillons d’ores et déjà de répondre par la positive. En effet, l’hôtel n’est pas accessible en voiture et se trouve à 300 m. Mais aucune inquiétude, tout est prévu pour que vous n’ayez pas à transporter vos bagages vous-même.
A peine nos valises récupérées, nous entrons par deux énormes portes dans l’hôtel. Dès l’entrée, c’est en premier l’odeur, si particulière, qui nous attire et enivre. Un mélange d’encens donnant tout de suite le ton et l’atmosphère à ce bâtiment installé dans l’ancien prieuré Saint Lazare.
Le parfum que l’on sent a été « designé » spécialement pour l’abbaye.
Après avoir confirmé notre réservation, la voix transformée en jeune femme dynamique nous présente le lieu, les services et surtout nous tend un Ipad. Interloquée, nous comprendrons quelques explications plus tard, qu’il nous servira de guide pour en savoir plus sur l’histoire de l’hôtel et de l’Abbaye. Bonne surprise !
Nous prenons alors l’ascenseur qui nous guide dans notre futur chambre…et toujours cette même odeur mystérieuse entêtante. Un long couloir s’offre à nous…et à chaque pas, passant devant les portes fermées des chambres, nous imaginons la vie des moniales de l’époque. Chambre 219, la porte s’ouvre, grâce à une carte High Tech : nous sommes agréablement surprises. Certes la chambre est sobre mais, tout le design moderne est présent. Le bois, les textures utilisées pour le mobilier et le lit nous invite au confort et à la relaxation. Caché derrière ce que nous avions pris pour un tableau contemporain, la télévision.
Le Restaurant : Souvenirs d’un patrimoine gustatif
20h sonnantes, on descend dîner aux sons des cloches et nous patientons quelques instants (un peu trop à notre goût) à l’Entrée du Ibar. On découvre alors une large salle et détaillons les petites alcôves où les tables se muent en écran géant multimédia…Impressionnant. Le serveur nous aperçoit (enfin) et vient à notre rencontre. Nous avions réservé et il nous accompagne à notre table. Non, nous ne mangerons pas dans l’Ibar, mais dans la salle de restaurant. Légèrement déçues (enfin surtout moi), il nous installe sur une jolie table, juste en face d’une grande baie vitrée d’où l’on peut apercevoir le magnifique Cloître.
Mais avant toutes choses, le serveur nous propose une visite incongrue et originale : la visite de l’office et des cuisines. C’est, de mémoire, bien la première fois que l’on nous le propose et acceptons, ravies de voir l’envers du décor. Petit coucou furtif à la brigade (nom de l’équipe de cuisine) et au Chef Thibaut Ruggeri, avant de rejoindre notre table.
Un repas fin et gastronomique
Il faut vous dire que j’ai toujours une certaine appréhension lorsque je dîne dans un restaurant gastronomique. Je vais vous avouer une chose, je suis une personne difficile, contrairement à ma maman…et bien…j’irai de surprise en surprise, souvent bonnes, car nous avons tout mangé !
A table, on découvre une assiette creuse surplombée d’une assiette qui en cache le contenu. Maman, en grande curieuse soulève l’assiette et y découvre une tuile aux amandes, qu’elle mange aussitôt. Quelques instants plus tard, le serveur arrive avec l’amuse bouche…et s’étonne de ne pas voir la tuile et nous dit : il ne fallait pas la manger…C’était pour l’entrée… Légèrement confuses, nous commençons à rire de la méprise. Tant pis ! Le serveur nous sert un gaspacho à côté de la tuile accompagnée d’une madeleine à la sauge. Un délice ! Toute cette mise en scène millimétrée pour se souvenir du passé carcérale du lieu et de la pitance des prisonniers.
La suite du repas nous réservera plusieurs belles surprises gustatives. Des goûts variés, des plats inventifs, bien présentés et des associations parfaites, même pour un palais non initié. Tous les produits sont frais et locaux (voir même des jardins de l’abbaye) et que dire du choix imposé* des vins, qui était tout simplement parfait. Nous ne vous dévoilerons pas tout, voulant vous laisser le plaisir de la découverte. Sachez que vous ne serez pas déçus du programme que vous aura concocté le Chef Thibaut Ruggeri et sa brigade.
*Choisi pour nous dans le menu demi-pension.
Ce que nous avons aimés :
- La description de chaque plat et la petite histoire qui l’accompagne
- La mise en scène du service avec la visite des cuisines
- Les mets fins et une cuisine raffinée et très goûteuse
- Les vins bien choisi pour accompagner au mieux les plats
- Le design de la salle avec la magnifique vue sur le cloître
Ce que nous avons moins aimés :
- Le côté parfois un peu austère du service et de la salle mais nous sommes dans une abbaye
Histoire de l’Abbaye : Fontevraud à l’avant Garde du féminisme
L’homme par qui tout arrive
C’est grâce à un homme, Robert d’Abrissel que l’aventure de Fontevraud commence il y a presque 1000 ans. À cette époque médiévale, il est un orateur de talent et se fait rapidement remarquer. Après avoir parcouru de milliers de kilomètres dans le Val de Loire et s’être composé une petite communauté (pourrait-on dire de nos jours : Un blogueur influent), Il décide de s’installer en 1101 dans ce lieu stratégiquement choisi pour l’époque.
L’empreinte d’Aliénor d’Aquitaine
Aliénor, Reyne de France puis d’Angleterre au XIIème, entretiendra des liens très étroits avec l’Abbaye. Elle y terminera sa vie, mais avant commandera trois gisants (dont le sien) pour orner la nef de l’abbatiale romane que nous pouvons toujours voir de nos jours.
L’arrivée des Abbesses
À partir de 1115 et ce, jusque 1792, ce sont pas loin de 39 abbesses, souvent de sang royal, qui se succéderont à la tête de cet ordre double (composée de moine et de moniales). Il faut le dire, le choix d’une femme pour diriger des hommes et des femmes a fait scandale à l’époque, mais bénéficiera tout de même du soutien du Pape Urbain II et de plusieurs Comtes.
Gabrielle de Rochechouart, une des plus connues, n’était-autre que la sœur de Madame de Montespan, une des maîtresses de Louis XIV. On se souviendra également de la dernière Abbesses chassée à la suite de la révolution française, Julie-Sophie-Gilette de Pardaillan de Gondrin de Montespan d’Antin (rien que ça ^^).
Le sauvetage de l’Empereur
Après le départ de la dernière abbesse, le bâtiment est laissé à l’abandon et c’est Napoléon qui, douze ans plus tard, viendra sauver le bâtiment en le transformant (comme beaucoup d’autres) en prison. Celle-ci ferma ces portes il y a seulement 52 ans. Après quelques années de rénovation afin d’enlever tout passage de la prison, le lieu ouvrira au public au milieu des années 80.
Valeurs de l’Abbaye et l’entrée dans le 21ème siècle
Depuis quelques années, l’Abbaye royale « conjugue » à merveille ce mélange subtile de patrimoine, technologies innovantes et création contemporaine. Et ce n’est pas tout ! Le restaurant est également engagé dans le développement durable comme l’ensemble de l’établissement. Énergies renouvelables pour le chauffage et l’eau, produits locaux dans les assiettes (goûtez au miel des ruches de Fontevraud) et même dans les chambres où le savon artisanal, fabriqué à Fontevraud, est à l’honneur.
Des valeurs que nous aimons et défendons lorsque nous voyageons, en tout cas le plus possible.
Le futur au présent :
Lorsque vous entrez dans le hall d’accueil, vous êtes tout de suite dans le bain et connecté. De l’Ipad présenté à votre arrivée pour découvrir l’Abbaye, à l’Ibar « tout numérique » en passant à la chambre et une chaîne privée spécialement conçue pour l’hôtel…Vous ne pourrez pas y échapper. Néanmoins, la sobriété de l’établissement s’harmonise parfaitement avec les nouvelles technologies. Qui a dit qu’on ne pouvait marier ancien et nouveau ??
Une expérience incroyable et magique dans un endroit insolite ! Sûr que nous y retournerons un jour !
Informations pratiques
Lors de notre séjour, nous avions choisi la formule demi-pension option Épicurienne. C’était le cadeau de la fête des Mères (très en retard, j’avoue). Ce n’est pas donné, mais la qualité vaut le prix d’exception.
Inclus dans le tarif : Visite de l’Abbaye (sans Guide)
Chambre + Petit déjeuner : à partir de 139 euros (suivant période)
Séjour vin et Patrimoine : à partir de 159 euros (suivant période)
Menu restaurant : à partir de 58 euros et 83 euros avec l’accord mets et vins (recommandé)
Visite guidée privative de nuit : 75 euros – Gratuitement : Promenez-vous au gré de vos envies dans cet immense complexe historique désert en pleine nuit ! Magique
Tarif entrée Abbaye : 10 euros / personne (inclus si vous êtes client de l’hôtel)
Visite guidée (ou audioguide) en journée : 4,50 euros
Site Internet du Site : Abbaye de Fontevraud